Les troubles uro-génitaux de la femme correspondent à un vaste ensemble de problématiques des voies urinaires et des organes génitaux féminins. Certaines d’entre elles sont particulièrement fréquentes et méritent d’être abordées en détail. La cystite, la mycose et la vaginose sont 3 atteintes infectieuses très désagréables. Leurs causes et leurs symptômes diffèrent mais elles ont en commun de gâcher le quotidien des femmes qui les subissent. Chacune de ces pathologies de la sphère génito-urinaire survient sur des conditions propices à leur développement. Ainsi, il est possible, dans certains cas, d’intervenir pour les prévenir par l’application de conseils à visée préventive. Lorsque l’infection est installée, des traitements spécifiques existent.
Qu’entend-on par troubles uro-génitaux ?
Les troubles uro-génitaux féminins représentent un sujet qui englobe toutes les problématiques du système urinaire (des reins jusqu’à l'extrémité de l’urètre) mais aussi du système génital féminin.
Certaines pathologies sont d’ordre mécanique, mais beaucoup d’autres sont sous la coupe du statut hormonal des femmes au cours de leur vie. Toutes les phases de chamboulements hormonaux sont particulièrement propices à engendrer des problématiques uro-génitales.
Quelles sont les périodes de la vie féminine à risque de troubles uro-génitaux ?
La grossesse
Les facteurs anatomiques et hormonaux sont les 2 aspects qui permettent d’expliquer pourquoi la femme enceinte est plus sujette à certaines problématiques uro-génitales.
La grossesse rend favorable l’apparition d’infections de type mycose, en raison des bouleversements hormonaux, de la constipation plus fréquente et par ailleurs d’une diminution de l’immunité locale lors de cette période.
La ménopause
La femme ménopausée a tendance à souffrir de sécheresse et d’atrophie vaginales. Ces 2 particularités de la période ménopausique provoquent une altération de la flore locale, et donc l’installation d’agents microbiens pathogènes.
Les menstruations
Les règles représentent une période de plus grande fragilité de la flore vaginale. Parfois, les simples variations physiologiques du taux d'oestrogènes durant le cycle menstruel contribuent à la déséquilibrer.
Quelles sont les principales infections de la sphère urogénitale chez la femme ?
La cystite simple et la cystite récidivante
Qu’est-ce qu’une cystite ?
La cystite est la plus fréquente des infections urinaires. De contenu habituellement stérile, la vessie se retrouve colonisée par une bactérie, bien souvent le célèbre Escherichia coli (1).
Dans un tiers des cas environ, ces épisodes d’infections se répètent plusieurs fois dans l’année. On parle alors de cystite récidivante.
Qu’est-ce qui favorise la survenue d’une cystite ?
Certains facteurs sont purement anatomiques. Un urètre court (ce tuyau qui conduit les urines de la vessie jusqu’au méat) facilite l’entrée de micro-organismes pathogènes. La présence d’un prolapsus génital et urinaire gêne la vidange complète de la vessie.
La période de ménopause et la grossesse sont des situations également plus opportunes à leur survenue.
Quels sont les symptômes d’une cystite ?
L’infection occasionne des signes urinaires qui se traduisent par une envie fréquente d'uriner (pollakiurie), des urines troubles et malodorantes, une pesanteur dans le bas ventre, ainsi que des brûlures ou des douleurs en urinant. Des traces de sang peuvent également se retrouver.
Parfois, une fièvre modérée, ne dépassant pas 38°, est constatée.
Comment traiter une cystite ?
Des recommandations ont été établies par la HAS (Haute Autorité de Santé) pour proposer un schéma de traitement. Selon qu’il s’agisse d’une cystite aiguë simple, récidivante (c’est à dire avec plus d’un épisode par mois), à risque de complications ou survenant chez la femme enceinte, le choix du protocole de traitement ne sera pas le même.
Dans certains cas, le médecin s’appuiera sur la réalisation d’un ECBU (examen cytobactériologique des urines) et ses résultats pour adapter le traitement.
Une hydratation abondante (plus de 2 l d’eau par jour) et aller très régulièrement aux toilettes, pour un drainage fréquent des urines, sont des prérequis indispensables à la guérison.
Par ailleurs, de manière préventive pour éviter les récidives, 2 solutions intéressantes se profilent pour diminuer la récurrence des infections : les probiotiques et la canneberge, qui seront développés un peu plus bas.
La mycose
Qu’est-ce qu’une mycose ?
Encore appelée candidose vulvo-vaginale, la mycose correspond à la colonisation excessive du vagin par un champignon bien connu : le Candida albicans. Parfois d’autres espèces de Candida sont responsables, mais loin de représenter la majorité.
Qu’est ce qui favorise la survenue d’une mycose ?
La grossesse, la prise de la pilule contraceptive, le port de sous-vêtements synthétiques et serrés, l’affaiblissement du système immunitaire… sont autant de causes favorisantes.
Communément, on sait que l’hygiène trop marquée peut favoriser cette infection fongique. Les femmes qui pratiquent des douches vaginales éliminent la flore intime et favorisent le développement des champignons. En plus de l’humidité, ces micro-organismes affectionnent tout particulièrement le sucre et les oestrogènes.
Quels sont les symptômes d’une mycose ?
Des symptômes très désagréables peuvent évoquer le diagnostic.
Il peut s’agir de démangeaisons, d’une irritation locale et de brûlures à l’intérieur du vagin ainsi qu’au niveau de la vulve. Il existe des pertes vaginales caractérisées par leur aspect blanchâtre qui s’apparentent à du lait caillé.
Enfin, des signes urinaires sont souvent présents, se traduisant par des envies plus impérieuses et des brûlures lors de l’émission des urines.
Comment traiter une mycose ?
Les médicaments antifongiques locaux par ovules ou capsules vaginales sont le traitement de choix. Ils doivent s’accompagner de règles d’hygiène locale peu agressives (savon à pH neutre). Il est également nécessaire de rééquilibrer la flore vaginale, souvent appauvrie.
La vaginose
Qu’est-ce qu’une vaginose ?
La vaginose représente une cause fréquente de symptômes vaginaux. Il s’agit d’une infection vaginale qui apparaît lorsqu’une bactérie dite pathogène se développe dans le vagin.
Qu’est ce qui favorise la survenue d’une vaginose ?
Cette pathologie survient le plus souvent à la faveur d’un déséquilibre du microbiote vaginal.
De manière générale, la vaginose touche plus volontiers la femme ménopausée qui présente une sécheresse vaginale.
Quels sont les symptômes d’une vaginose ?
Parfois, cette infection passe inaperçue mais, la plupart du temps, des symptômes désagréables surviennent.
Il s’agit de pertes vaginales malodorantes et abondantes. La muqueuse vaginale est inflammatoire, se traduisant par des démangeaisons, une rougeur et une irritation locales avec des sensations de brûlures, le tout pouvant conduire à des saignements. Les rapports sexuels deviennent douloureux voire impossibles.
Comment traiter une vaginose ?
Le traitement de la vaginose implique traditionnellement le recours à des antibiotiques (métronidazole ou clindamycine). Les antibiotiques éliminent le microbe mais détruisent aussi la flore vaginale. Il sera d’autant plus essentiel de recourir à des probiotiques en parallèle.
La présence d’une vaginose bactérienne expose à un risque plus élevé d’infections sexuellement transmises. Ainsi, leur association est relativement courante avec l’infection à chlamydiae, la gonorrhée et le VIH (2).
Quels sont les outils pour lutter contre la survenue des troubles uro-génitaux infectieux ?
Conseils hygiéno-diététiques
Il est probablement important de rappeler quelques conseils de base concernant les règles hygiéniques de la zone intime :
- La toilette intime ne doit pas comporter de lavage de l’intérieur du vagin.
- En cas de fragilité, préférer les douches aux bains.
- Utiliser un savon doux spécialement adapté à la zone intime.
- Bien se sécher avec une serviette propre après la toilette.
Rééquilibrage la flore bactérienne du vagin avec les probiotiques
C’est un constat sans appel : la pauvreté du microbiote vaginal fait le lit de diverses infections par des micro-organismes. Encore baptisé flore de Döderlein, il représente un écosystème protecteur de cette zone qui, lorsqu’il est fragilisé, ne joue plus son rôle de barrière face aux intrus venus de l’extérieur.
La prise d’un complément alimentaire, spécifiquement étudié pour cet écosystème vaginal, est alors un impératif majeur. Les lactobacilles représentent l’espèce la plus courante de la flore du vagin.
Les germes à l’origine des infections urinaires proviennent le plus souvent des orifices anal et vaginal qui se trouvent, chez la femme, à proximité de l’urètre. Restaurer la flore vaginale et intestinale constitue un bon moyen de lutter contre la présence de bactéries dites pathogènes (autrement dit qui occasionnent des infections). Des probiotiques sont spécifiquement mis au point pour aider ces 2 écosystèmes à se régénérer et se renforcer.
Recours à la canneberge en cas de cystite
Dans le cas de la cystite, l’efficacité de la canneberge a été démontrée et serait liée à l’un de ses constituants actifs : les proanthocyanidines (PACs). Ceux-ci permettent d’abaisser le pH urinaire et d’empêcher l’adhésion de l’E.coli sur les parois de l’urètre pour remonter jusqu’à la vessie (3).
Pour atteindre une efficacité, il est recommandé de consommer au minimum 36 mg de PACs par jour sous forme de gélules ou de capsules. Les dernières études montrent même que 72 mg, auraient un impact préventif sur la récidive de cystite grâce à un effet antiadhésion plus prolongé (4). À noter que les jus du commerce ne sont pas suffisamment concentrés en actifs.
L’inconfort amené par les troubles uro-génitaux féminins, tels que la mycose, la cystite et la vaginose, demandent à pouvoir non seulement les soigner rapidement, mais surtout à faire en sorte qu’ils ne récidivent pas. Or, ces problématiques ont tendance à ne pas être des épisodes uniques. Pour cela, il faut recourir à des stratégies préventives. De bonnes mesures d’hygiène et le recours aux probiotiques sont des pratiques souvent bénéfiques.
Sources :
1. Cystite (infection urinaire) : symptômes et causes [Internet]. Disponible sur:
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/cystite/reconnaitre-cystite
2. Bautista CT, Wurapa E, Sateren WB, Morris S, Hollingsworth B, Sanchez JL. Bacterial
vaginosis: a synthesis of the literature on etiology, prevalence, risk factors, and
relationship with chlamydia and gonorrhea infections. Mil Med Res. 13 févr 2016;3:4.
3. Julien A. Cystites récidivantes : des moyens de prévention non médicamenteux. Prog En
Urol. nov 2017;27(14):823‑30.
4. Howell AB, Botto H, Combescure C, Blanc-Potard AB, Gausa L, Matsumoto T, et al.
RDesoeasrcah agrteicleeffect on uropathogenic Escherichia coli anti-adhesion activity in
urine following consumption of cranberry powder standardized for proanthocyanidin
content: a multicentric randomized double blind study. 2010;11.