Le syndrome prémenstruel (SPM) touche des femmes de tous âges et pourtant, toutes ne sont pas égales concernant les désagréments à vivre durant ces quelques jours du cycle. D’ordre hormonal, les causes ne sont pourtant pas encore clairement identifiées. Ce syndrome regroupe une série de symptômes possibles se traduisant par des signes à la fois physiques mais aussi psychiques, dont l’intensité est variable et retentit potentiellement sur la qualité de vie. Les dysménorrhées font partie du SPM et correspondent au symptôme le plus fréquent. Des perspectives thérapeutiques prometteuses, issues de recherches relativement récentes, permettent d’atténuer ces désagréments de cette période qui précède les règles. Au préalable, il convient d’exposer à quoi correspondent ce syndrome et ses manifestations.
Qu’est-ce que le syndrome prémenstruel et les dysménorrhées ?
Le syndrome prémenstruel correspond à un trouble périodique des femmes en âge de procréer. Il varie d’une femme à l’autre, à l’approche des règles et disparaît une fois celles-ci déclarées. La problématique est donc généralement cyclique et régulière. Les dysménorrhées représentent l’une des manifestations possibles du syndrome prémenstruel et qualifient les douleurs particulières ressenties dans ce cadre.
Quelles sont les manifestations du syndrome prémenstruel ?
Des manifestations physiques variées
- Douleurs prémenstruelles : symptôme numéro 1
Les douleurs dans le bas du ventre, encore appelées dysménorrhées, représentent un signe très classique(1) de l'arrivée des règles. Ces douleurs peuvent prendre l’allure de crampes ou de pesanteur ou encore être globales sur la partie inférieure de l’abdomen. Elles peuvent également être localisées dans le bas du dos ou la région du sacrum.
Les maux de tête (ou céphalées), s'invitent parfois au reste des réjouissances et pour certaines femmes, peuvent même représenter le seul signe gênant qu’elles perçoivent. Gonflement et douleurs des seins
Le terme mastodynies résume une tension voire des douleurs dans les seins, avec une sensibilité de la poitrine spontanée ou au toucher.
Le gonflement qui peut s’y associer est à rattacher à un oedème qui infiltre la glande mammaire et la rend douloureuse.
- Variation de poids
Une prise de poids transitoire peut être constatée et un oedème des extrémités peut apparaître.
- Troubles digestifs
Certaines femmes décrivent des nausées pouvant conduire à des vomissements dans les jours précédant l’arrivée des règles. Des ballonnements, des aigreurs d’estomac font parfois partie du cocktail de désagréments.
- Une humeur particulièrement fluctuante
Parmi les réjouissances qui peuvent toucher les femmes à l'approche de leurs menstruations figurent l’irritabilité, mais aussi l’émotivité, l'anxiété, l'agitation.
Le sommeil est parfois difficile à trouver et peut aller jusqu’à l'insomnie. La fatigue qui en découle vient s’ajouter à celle provoquée par l’état d’inconfort physique. Le cocktail peut conduire à une léthargie qui contraint toutes les tâches de la journée.
Ces variations émotionnelles parfois intenses peuvent aller jusqu’à un accès de pessimisme et déprime, bien décrit par certaines femmes.
Des causes incomplètement déterminées
Les hormones féminines sont sécrétées à la fois au niveau du cerveau (hypophyse) et par les organes génitaux. Des interactions entre toutes ces hormones rythment le recommencement de chaque cycle pendant la période dite de fécondité de la femme, qui va de l’apparition des premières règles à la ménopause.
Même si l’hypothèse hormonale est la plus plausible pour expliquer le syndrome pré-menstruel, il faut savoir que les raisons exactes du déclenchement du syndrome prémenstruel ne sont pas parfaitement connues. Les nombreuses variations d’un cycle à l’autre mais également d’une femme à l’autre, ne facilitent pas l’identification des causes précises.
D’autres suppositions ont également émergé et ciblent les neurotransmetteurs. Un déficit en sérotonine est une hypothèse forte (2).
Un syndrome fréquent et parfois invalidant
3 femmes sur 4 décrivent un inconfort certain à l’approche de leurs règles. Mais 20 à 30% ressentent des manifestations prémenstruelles intenses.
Enfin, dans des cas plus rares, ces troubles représentent un véritable handicap qui retentit sur les différentes sphères de la vie quotidienne, avec des manifestations psychiques importantes. Dans ce cas, on parle de Trouble Dysphorique Prémenstruel (TDPM) car il représente une forme sévère du syndrome prémenstruel.
Quelles solutions existent pour soulager les désagréments du syndrome prémenstruel ?
- Les traitements classiques médicamenteux
L’ibuprofène (anti-inflammatoire non stéroïdien) (3) et le paracétamol sont les catégories médicamenteuses les plus fréquemment employées pour soulager les dysménorrhées.
Parfois, la pilule, au-delà de son effet contraceptif, est prescrite dans une intention de régulariser les cycles menstruels et surtout d’atténuer les douleurs associées.
Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine ont été étudiés comme étant efficaces sur le syndrome prémenstruel sévère (2) dans certaines indications. La consultation médicale est, dans ce cadre, indispensable.
- Le PEA
Le PEA (Palmitoyl Éthanol Amide) est une substance naturellement produite par notre organisme en cas de situations douloureuses. Sa structure, proche des endocannabinoïdes, lui permet d’intervenir dans le circuit de la douleur afin de la diminuer (4). Des études confortent son indication pour soulager les dysménorrhées (5). Même si le terme « endocannabinoïde » peut faire peur, il convient de préciser que le PEA ne présente aucun effet indésirable, ni d’accoutumance ou de dépendance.
- Le rôle des neurotransmetteurs
Les systèmes nerveux et hormonal sont intriqués dans leur fonctionnement. Quand les symptômes psychiques sont marqués on peut supposer qu’il s’agit d’un déséquilibre des neurotransmetteurs.
La sérotonine est un neurotransmetteur ayant de nombreuses fonctions dans le cerveau. Elle agit dans la boucle qui conditionne notre humeur. Un déficit en sérotonine est connu pour contribuer à favoriser la dépression. Il semble que ce mécanisme entre également en jeu dans le syndrome prémenstruel.
Ainsi, le principe serait d’augmenter la production naturelle de sérotonine avant les règles pour augmenter la production de sérotonine et permettre de réduire les signes psychiques.
Cela passe par l’alimentation ou, si cela ne suffit pas, le recours aux compléments alimentaires peut être une option satisfaisante. Le tryptophane, précurseur de la sérotonine, devra faire partie de la composition, ainsi que des vitamines et minéraux qui interviennent dans les mécanismes de fabrication.
- Les prostaglandines et les acides gras
Les prostaglandines sont fabriquées à partir des acides gras présents dans nos cellules. Il en existe plusieurs catégories.
Les prostaglandines E2, retrouvées en excès dans le syndrome prémenstruel, proviennent majoritairement de l’acide arachidonique. Cet acide gras est apporté par une alimentation riche en matières grasses d’origine animale, comme la charcuterie. Un premier conseil serait donc de réduire la consommation de viande pour limiter cet effet.
À l’inverse, les prostaglandines E3 ont une action anti-inflammatoire et sont par contre insuffisamment produites dans certaines formes de syndrome prémenstruel. Elles sont synthétisées à partir des acides gras polyinsaturés de type oméga-3. On les trouve en abondance dans les poissons gras (sardine, maquereau, hareng, saumon…).
La 3e catégorie de prostaglandines est propice à l’équilibre hormonal et sont produites à partir d’un acide gras particulier : le GLA. Ce dernier se trouve en grande quantité dans certaines plantes telles que l’onagre ou la bourrache. Les huiles issues de ces 2 plantes peuvent être utilisées en complément alimentaire pour la prise en charge de certaines formes de syndrome prémenstruel.
La recherche se penche plus qu’auparavant sur l’inconfort que représente le syndrome prémenstruel. La libération de la parole sur le sujet y est probablement pour beaucoup. Un arsenal thérapeutique assez varié permet de proposer différents moyens aux femmes concernées de soulager cette étape cyclique inconfortable. Nul doute que l’avancée dans la compréhension de cette problématique finira par permettre d’obtenir des solutions efficaces pour chacune.
Sources :
1. Nagy H, Khan MA. Dysmenorrhea. In: StatPearls [Internet]. Treasure Island (FL): StatPearls Publishing; 2022 [cité 8 sept 2022]. Disponible sur: http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK560834/ 2. Dimmock PW, Wyatt KM, Jones PW, O’Brien PS. Efficacy of selective serotonin-reuptake inhibitors in premenstrual syndrome: a systematic review. The Lancet. 30 sept 2000;356(9236):11316. 3. Burnett M, Lemyre M. No. 345-Primary Dysmenorrhea Consensus Guideline. J Obstet Gynaecol Can. 1 juill 2017;39(7):58595.
4. Artukoglu BB, Beyer C, Zuloff-Shani A, Brener E, Bloch MH. Efficacy of Palmitoylethanolamide for Pain: A Meta-Analysis. Pain Physician. juill 2017;20(5):35362.
5. Clayton P, Hill M, Bogoda N, Subah S, Venkatesh R. Palmitoylethanolamide: A Natural Compound for Health Management. Int J Mol Sci. 18 mai 2021;22(10):5305.
6. Hashim MS, Obaideen AA, Jahrami HA, Radwan H, Hamad HJ, Owais AA, et al. Premenstrual Syndrome Is Associated with Dietary and Lifestyle Behaviors among University Students: A Cross-Sectional Study from Sharjah, UAE. Nutrients. 17 août 2019;11(8):1939.